J’avais vingt et un ans, la tête en vrac après une journée entière à la fac des Tanneurs. Tours s’apaisait, le tram ronronnait au loin, et sur les bords de Loire l’air sentait l’humidité et la craie. J’ai traîné jusqu’aux amphis presque par réflexe, l’envie d’être seul dans une grande salle vide me démangeant comme un fantasme qui ne demandait qu’un prétexte. J’ai poussé la double-porte coupe-feu d’un grand amphi, la lumière des néons s’est allumée par zones, clignotant d’un bourdonnement un peu sale. L’odeur du bois ciré et de la poussière de tableau noir me sautait aux narines.
Je croyais être seul, puis une voix a claqué derrière moi, claire, un peu moqueuse :
— T’es en avance pour l’amphi de huit heures… ou très en retard.
Je me suis retourné. Léa, vingt-deux ans, blonde aux yeux verts, blouson en cuir, jean noir serré et baskets blanches. On se croisait souvent à la BU, parfois à Plum’ quand ça finissait en tournée de bars. On s’était déjà chauffés du regard sans jamais franchir la ligne. Elle s’est avancée, mains dans les poches, sourire en coin.
— J’adore l’écho ici. Ça rend tout plus… intense.
On a ri. Elle a sorti une petite flasque en métal de son sac.
— Vouvray, a-t-elle chuchoté. Ça réchauffe mieux que la clim.
On a bu une gorgée chacun, accoudés au pupitre du prof. Je sentais déjà ma peau picoter, pas à cause de l’alcool. Je l’ai détaillée : l’onde de sa gorge quand elle avalait, le bout de sa langue qui brillait, son jean tendu sur ses cuisses. Elle m’a attrapé le regard en flag, a levé un sourcil.
— T’es venu réviser ou fantasmer ?
— Les deux, j’ai lancé. Je… j’aime bien ces salles la nuit.
— Moi aussi. On dirait un théâtre pour deux.
Elle s’est approchée encore, si près que je sentais son parfum. Ma main s’est posée d’elle-même sur sa cuisse, chaleur à travers le jean. Elle n’a pas bougé. Au contraire, elle a écarté un peu les jambes, a fait glisser son sac du pupitre. Son sourire est devenu franc.
— Récitation orale, a-t-elle soufflé.
Je l’ai embrassée. C’était pressé, affamé. Sa bouche s’est ouverte avec un grognement à peine retenu, sa langue s’est nouée à la mienne. Mes doigts ont glissé sous son blouson, je lui ai soulevé le t-shirt. Sa peau était chaude, lisse, ses tétons durs contre ma paume. Elle m’a attrapé par la ceinture, un geste sûr, presque autoritaire, et m’a tiré contre le bureau du prof.
— Monte, a-t-elle murmuré. Là, devant toute la classe imaginaire.
Je me suis hissé sur l’estrade, elle m’a suivi, s’est assise sur le bord du bureau, a basculé une jambe autour de ma taille. Son baiser est devenu mordant. Ses doigts ont plongé dans mon jean, ont serré ma queue à travers le boxer. J’ai étouffé un groan. Elle a ri, l’écho l’a doublé dans la salle vide.
— Passe au tableau, a-t-elle ordonné en se redressant d’un coup.
Elle a attrapé le micro posé là, a enclenché l’ampli. Un grésillement a rempli l’amphi. Elle a soufflé dedans, un « test, test » devenu obscène. Puis, debout, elle m’a pointé du doigt, voix chaude dans les enceintes :
— Interro surprise. Définis “frustration”.
Je me suis approché, mes mains sont parties d’elles-mêmes sur ses hanches. J’ai tiré son jean par la taille. Elle a levé les bras pour que j’enlève son t-shirt, s’est retrouvée en soutien-gorge noir. J’ai embrassé le haut de ses seins, la courbe douce, puis j’ai glissé à genoux. Elle a écarté un peu plus les pieds, m’a laissé descendre le jean et la culotte à mi-cuisses. L’odeur de sa chatte m’a pris, chaude, salée, déjà ouverte. J’ai baisé l’intérieur de ses cuisses, lentement, en remontant jusqu’à sa fente luisante.
— Réponds bien, a-t-elle soufflé dans le micro, la voix tremblante. Sinon tu redoubles.
J’ai tiré sa lèvre du bas avec la langue, l’ai léchée en large, j’ai goûté son jus. Elle a lâché un son qui a rebondi sur les gradins. Sa main a glissé dans mes cheveux, m’a tenu là. Je l’ai travaillé plus vite, alternant la pression de ma langue et la succion autour de son clito. Elle a tremblé, ses cuisses m’écrasaient, elle a appuyé le micro contre sa bouche et laissé filer un « oh putain » qui a roulé dans l’air comme une promesse.
Quand elle a commencé à perdre le fil, j’ai reculé juste assez pour la voir : ses yeux mi-clos, ses lèvres brillantes, les muscles de son ventre qui palpitaient. Elle a basculé en arrière sur le bureau, a écarté les jambes plus grand. Sa culotte pendait, ridicule, à une cheville.
— Arrête de me torturer. Baise-moi.
J’ai sorti un préservatif de mon portefeuille. Elle m’a regardé le dérouler avec un sourire vorace.
— Élève modèle, a-t-elle susurré.
Je me suis aligné à elle, j’ai poussé d’un coup. Sa chaleur m’a avalé jusqu’à la garde. Elle a crié, a mordu sa lèvre, a agrippé le bord du bureau. Le bruit de nos corps a claqué contre le bois et s’est répandu dans la salle. Je me suis ancré à ses hanches et j’ai commencé à la prendre, rythme net, coups de reins qui faisaient grincer la table. Elle a collé le micro près de sa joue, a laissé échapper des gémissements sans pudeur.
— Plus fort, a-t-elle exigé. Fais-moi oublier les partiels.
Je lui ai attrapé une cheville, la jambe en l’air, pivotant son bassin pour l’ouvrir plus. Sa chatte me prenait si serré que chaque pénétration me faisait grogner. Je lui ai roulé le bassin, j’ai alterné profond et rapide, j’ai regardé sa poitrine bondir à chaque impact. Ses ongles ont rayé mes épaules. Elle était échevelée, superbe, la lumière crue du néon soulignant la fièvre dans ses yeux.
Elle a joui la première, un tremblement qui l’a toute arquée. Je l’ai senti venir comme une vague : sa chatte qui se contracte autour de moi, son souffle qui s’accélère, ses jambes qui me cisaillent les hanches. Elle a lâché un « oui » qui a résonné jusqu’au fond de la salle, une plainte merveilleuse. J’ai ralenti sans sortir, l’ai maintenue ouverte pendant que son corps vibrait.
— Encore, m’a-t-elle grondé, la voix rauque. J’en veux encore.
Je l’ai retournée d’un geste en la tirant par la taille. Elle s’est mise à quatre pattes sur le bureau, a cambré, a offert son cul. La vue m’a presque fait défaillir. J’ai replongé, l’ai prise en levrette. Mes coups de reins ont frappé juste, la salle a résonné. Elle s’est laissée aller, a baissé la tête et a gémis en longues vagues. J’ai senti ma fin approcher. J’ai serré les dents, j’ai tenu, j’ai voulu m’imprimer d’elle.
— On change de place, a-t-elle chuchoté d’un coup, comme si l’idée venait de la foudroyer.
On a ri, on s’est rhabillés à moitié, elle a gardé sa culotte au niveau des cuisses, moi la braguette ouverte. On a filé dans les gradins. Elle a gravi deux, trois rangées, a laissé tomber sur un banc en bois, s’est mise à califourchon sur moi en me guidant avec la main. Elle s’est empalée d’un mouvement souple, un gémissement lui a échappé. Là-haut, on avait vue sur toute la salle, vide mais lourde du spectacle. Elle a posé ses mains sur mon torse, a commencé à rouler du bassin. Son jean froissait, le bois grinçait, le néon bourdonnait. On était seuls et pourtant observés par des centaines de sièges vides.
— Regarde-moi, a-t-elle ordonné.
Je l’ai regardée, ses cheveux collés à sa nuque, sa bouche entrouverte. Elle a accéléré, petits coups de reins rapides, ses fesses qui s’écrasaient contre mes cuisses. Je lui ai pris la gorge avec douceur, elle a souri contre mon pouce. Elle a pris ma main, l’a guidée entre ses jambes. J’ai frotté son clitoris pendant qu’elle montait et descendait sur ma queue. Elle a sifflé, a tremblé, a balancé la tête en arrière. Elle a joui une seconde fois, brutalement, un cri étranglé avalé par l’écho.
Quand elle a repris son souffle, elle a glissé de moi, haletante, a attrapé le micro qu’elle avait emporté comme un trophée. Elle l’a posé entre ses lèvres et l’a allumé, un grésillement a gratté nos tympans. Elle a souri comme une gosse qui fait une bêtise.
— Exercice pratique, a-t-elle dit, sa voix enveloppant l’amphi. Tu vas au tableau, tu écris pourquoi t’es un mauvais élève, et je corrige.
On a dévalé les marches en retenant des rires. Devant le tableau, elle a attrapé une craie, a tracé d’un geste vif : « QCM : Tu préfères A) réviser, B) baiser, C) tout de suite ». Elle a entouré C. La poussière blanche s’est collée à ses doigts. Elle m’a essuyé la bouche d’un revers de main, un geste tendre au milieu du bordel.
— Debout, là, contre le tableau, a-t-elle murmuré. Je veux te sentir fort.
Je me suis collé au tableau, la craie a grinçé dans mon dos. Elle s’est agenouillée, a descendu mon jean. Sa main a serré ma base, sa bouche a englouti le reste. J’ai failli lâcher tout de suite. Sa langue tournoyait, sa salive coulait sur ma peau. Mes doigts se sont perdus dans ses cheveux. Elle a pris son temps, parfois lente, parfois trop gourmande. Le micro allumé à côté capta un « mmm » involontaire. Ça m’a presque fait rire et jouir dans le même mouvement.
— Arrête, ai-je grogné, je veux être en toi quand je craque.
Elle s’est relevée, les yeux luisants, la bouche brillante. Elle a tourné le dos, a plaqué ses mains au tableau, a cambré. Je l’ai reprise de derrière, j’ai senti sa chaleur, sa profondeur, la façon dont elle s’ouvrait à moi. J’ai posé ma main sur ses hanches, l’autre autour de sa taille, et j’ai cogné dans un rythme qui faisait tomber un bout de craie de la gouttière. Elle a ri entre deux gémissements, un rire cassé.
— Putain, continue. Plus. Encore.
On a basculé de l’estrade vers l’allée centrale, incapables de s’arrêter. On a trébuché, on a heurté un siège qui a claqué. Elle a attrapé la rambarde, s’est penchée, je l’ai prise là, à moitié habillée, le jean sur les cuisses, sa culotte tordue. Le mélange de rires et d’obscénités, l’odeur de sexe, la salle vide… ça m’a mis au bord.
Elle s’est redressée d’un coup, s’est tournée, a posé sa main sur ma joue.
— Tu veux essayer un truc ? demanda-t-elle, le regard franc.
J’ai hoché la tête. Elle a craché dans sa main, a glissé derrière elle, a guidé. Elle a pris son temps, a respiré, a reculé contre moi. J’ai senti la résistance, la chaleur, puis l’accueil. Elle a serré mes doigts, a soufflé :
— Doucement. Comme ça. Oui.
Je l’ai prise avec précaution, des mouvements courts, doux, la laissant s’habituer. Elle a grogné, pas de douleur, un son guttural, presque surpris par l’intensité. Puis elle a demandé plus, encore plus, ses doigts écrasant les miens. Quand son corps a cessé de lutter et a commencé à me prendre vraiment, la sensation m’a fendu en deux. Tout mon ventre s’est contracté.
— Mon Dieu, là, a-t-elle balbutié. Continue, je veux que ça me brûle jusqu’à demain.
Je l’ai tenue bien serrée, lui parlant dans l’oreille, des mots crus et sûrs, la louant, l’incitant, la remerciant d’être si salope pour moi ce soir. Elle a tremblé, elle a joui une troisième fois, sans cri, tête contre mon cou, corps spasmant sur moi, ses ongles marquant des virgules rouges sur ma peau.
Je n’en pouvais plus. Je l’ai retirée avec douceur, l’ai reposée contre un banc. Elle a attrapé le préservatif, l’a retiré avec la dextérité d’une fille qui sait finir comme elle veut. Elle a craché dans sa main encore, m’a pompé, les yeux plantés dans les miens. Quand j’ai explosé, elle a souri, m’a laissé vider tout ce que j’avais en gémissant mon prénom, voix basse, chaude, presque tendre.
Le silence qui a suivi nous a enveloppés. Les néons bourdonnaient, l’air vibrait encore. On s’est regardés, un peu sonnés, un peu fiers. Elle a récupéré sa culotte, l’a remontée en se tortillant. J’ai remis ma ceinture, mes doigts tremblaient encore. Elle a attrapé le micro, l’a éteint, un dernier grésillement a signé la fin du spectacle.
— C’était… a-t-elle commencé.
— Incroyable, ai-je fini, le rire me coupant le souffle.
On est redescendus sur l’estrade. Elle a ramassé la flasque de Vouvray, m’en a tendu une gorgée. Le goût sucré a nettoyé ma gorge. Elle s’est approchée, m’a embrassé, un baiser plus lent, plus doux, goût de nous deux.
— Tu sais, a-t-elle dit en rangeant ses affaires, y a des coins à la BU où les caméras ne voient pas tout. Et au Deux-Lions, la salle de travail de nuit, c’est un gruyère, plein d’angles morts.
— Ou sur les bords de Loire, en fin de soirée, ai-je répliqué, images plein la tête. Sous le Pont Wilson, avec le vent qui se lève.
— Place Plum’, a-t-elle ajouté en riant. On finit un verre au Sancerre, on fait semblant de parler de méthodo, et on se retrouve ici. Ou ailleurs. Mais vite.
Elle m’a pris la main, l’a serrée. Ses yeux verts avaient encore des étincelles.
— On est d’accord : on n’en parle à personne. Mais on recommence.
— Promis, ai-je soufflé. Et je serai encore un très mauvais élève.
On a éteint la salle, les néons se sont tus d’un coup, ne restant qu’un halo vert de sortie de secours. La double-porte a gémi en se refermant derrière nous. Dans le couloir, on entendait la ville filtrer, le chuintement du tram, les rires lointains de la place Plumereau, des vélos qui glissaient. On a marché côte à côte, encore échauffés, nos épaules se frôlant.
Devant l’escalier, elle s’est arrêtée. Elle m’a attrapé le col du blouson, a déposé un dernier baiser, bref, brûlant.
— La prochaine fois, j’apporte le micro-cravate, a-t-elle chuchoté, malicieuse. Et toi, tu m’écris un vrai plan de cours.
— Avec étude de cas pratique, ai-je souri.
Elle est partie en claquant des talons sur le carrelage, silhouette qui se fondait dans la nuit tourangelle. Je suis resté un instant, respirant l’odeur mêlée de craie, de cuir et de sexe, le cœur cognant encore. Puis j’ai descendu les marches jusqu’à la sortie. L’air froid m’a cueilli. Tours brillait doucement, les lampadaires parsemaient la rue d’îlots jaunes. J’ai traversé en direction de la Loire, les mains dans les poches, un sourire étirant ma bouche sans que je puisse l’arrêter.
J’avais coché un fantasme sur ma liste. Et au fond, je savais déjà que la “révision” de Léa ne ferait que commencer. Dans un amphi, une salle de travail, un coin perdu de la BU… la ville entière devenait notre campus de jeux. Et j’avais hâte de rendre ma copie.